Jealousy [Naoki]

Lorsque le fils aîné du roi entra en scène.
Il marchait tranquillement, les mains dans les poches de son pantalon par pur réflexe, son regard vagabondant sur les vagues qui s'entortillaient à ses pieds, comme se prosternant sous son passage.
Cette vision le fit sourire, alors qu'il passait une main dans ses cheveux pour se recoiffer d'un geste rapide, le vent soufflant de côté.

Il sifflotait, l'air calme et détendu, prenant conscience de l'environnement qui l'entourait.
La question était: Que faisait-il ici?C'est bien simple, il venait de quitter le port ou il avait rencontré une jolie jeune femme et il avait trouvé préférable de rentrer par le sable plutôt que par la route.

Il n'entendait que le tintement des vagues qui se claquaient les unes contre les autres, comme en éternelle bataille, écumant, moussant la plage sur des centaines de millimètres.

Il tourna la tête, alors qu'un croassement se faisait entendre, attirant son attention.
Seulement celle-ci se stoppa sur un jeune homme posé sur un rocher un peu plus loin.

En voyant le regard perplexe et le faible salut du fils du peintre que son père avait autrefois sous son aile, le brun s'avança, d'un pas lent et toujours décontracté vers le jeune homme.
Apparemment, à en voir l'expression blasé de Ren qui se trouvait à quelques mètres de lui, le regard balayant tout sauf le prince, il n'avait pas vraiment envie de lui parler.
Naoki ne chercha pas de raison à ce fait, se contentant de venir près du jeune homme, du moins, assez près pour qu'il l'entende et que l'autre puisse lui répondre.

"Ca fait longtemps...Tu vas bien Ren?"

La façon dont avait été prononcée la phrase du jeune homme qui lui faisait face, déclencha chez l'aîné des princes une expression perplexe.
Il était évident qu'il ne s'était parlé que quelques fois, mais vu le temps qu'ils avaient passé au château ensemble, Naoki estimait qu'il pouvait le nommer avec autre chose que "majesté" ou "vous".
Apparemment, Ren avait un profond dégoût pour lui et sûrement pour sa classe sociale aussi, ce qui restait incompréhensible aux yeux du brun qui avait toujours tout fait pour mettre les autres au même rang que lui et vice versa.
Cependant, il jugea bon de ne pas y faire attention.

"Très bien."

Les ragots l'intéressaient?Ce trait de caractère, venant d'un jeune garçon qui avait passé une bonne partie de sa jeunesse enfermé dans une chambre l'étonna, alors qu'il se contentait de répondre, d'une voix détachée.

"Hm, disons que j'en ai quelques-unes, mais pas dont je pourrais espérer être un jour le mari."

Il vira son regard vers la mer, alors que celle-ci s'affolait, grondant comme si elle était jalouse et à la fois heureuse de telles révélations.
Cette maîtresse des hommes.

"Mon frère?Vaut mieux pas l'évoquer sur ce sujet."

Rétorqua le brun, un brin colérique(oh oh).
Parler de son cadet n'était vraiment pas une bonne solution si il voulait rester poli et décontracté.
Le fait que Ren ne s'intéresse pas réellement à la conversation et encore moins à la vie de celui avec qui il parlait était vraiment voyant, malgré le fait qu'il fasse semblant.

"Et toi et les femmes?"

Demanda Naoki sur un ton un peu plus sérieux, histoire de se venger en douceur, alors qu'il relevait les yeux vers le fils du peintre, une expression neutre sur le visage.

"Plutôt, oui."

S'enquit-il tout en passant une main derrière sa nuque, blasé par cette conversation sans but et faite de questions vraiment inintéressantes.
Il voyait bien que Ren n'avait que faire de lui, de sa vie, et de tout ce qui l'entourait. Et il n'aimait pas la façon qu'il avait de jouer l'hypocrite.

Naoki ne comprenait toujours pas d'où venait ce dégoût que Ren avait envers sa famille et lui-même.
Le prince ne passait pas son temps à parler de lui, ni à se vanter, mais au contraire à s'intéresser aux autres, qu'il finissait pas croire que les réactions du jeune homme près de lui étaient injustes et démesurées.
De toute évidence, si c'était pour avoir des phrases aussi froides, ça ne servait à rien, et Noaki se décida à abréger les souffrances du fils du peintre, reprenant lentement sa marche, avant de dire, tout en levant la main, de dos.

"Sur ce, passe une bonne journée."

(J'ai un peu inventé par contre...)

Dans un premier temps, Ren fut ravi de voir Naoki quitter les lieux. Il allait enfin être seul durant de bonnes heures, avec son amie "Conscience". Puis tout le monde viendrait profiter de la mer et il s'en irait. Oui. C'était un programme tel que Ren les aimait. Et pourtant.

Il se souvint parfaitement de ce dos que Naoki lui montrait dès à présent. Ce dos qu'il avait vu au port. En compagnie de Liliann. Malgré le peu de temps qu'il y passa, il se souvenait parfaitement de leur deux silhouettes. La curiosité dépassa alors rapidement son envie de solitude.

"NAOKI!" cria t-il pour que celui s'arrête. "Tu connais Liliann ?"

Le vouvoiement et le "votre majesté" était oublié désormais. Un air grâve était fixé sur le visage de Ren, et dans ses yeux qui fixaient Naoki avec insistance se lisaient une inquiétude et une grande contrariété.

Le brun s'arrête, un rictus amusé sur les lèvres, avant de se retourner vers la silhouette du fils du peintre, à quelques mètres de lui, et qui, apparemment, était intéressé par la jeune femme qu'il avait croisé au port.

"Ouais, et alors?"

Répliqua t'il, l'air légèrement mauvais à l'idée que l'autre brun ne lui adresse la parole que de façon déplaisante et avec une idée derrière la tête.
Les mains toujours enfouies dans ses poches, il le fixait, attendant qu'il lui explique clairement ou était le problème.

Le brun croisa ses bras sur son torse, avec un air de défi et de méfiance, tout en observant le fils du peintre avec provocation, avant de rétorquer d'une voix grave:

"En quoi ça te regarde?"

Ren avait un culot des plus agaçants, et à chaque fois qu'il adressait la parole au prince, c'était par pur intérêt, que même Naoki se demandait si, à force de s'isoler, La personne qui lui faisait face n'était pas devenue hypocrite.
Et le voir abandonner son indifférence pour savoir un détail à propos d'une fille le fit sourire d'arrogance.
Cependant, il n'avait pas que ça à faire, et répondit avec plus de neutralité.

"Non, elle n'en fait pas parti'. Rassuré?"

Et Naoki avait eu l'envie irrésistible de répondre " A ta mère", par pure méchanceté, mais il ne fit rien, se contentant de le regarder.
Le prince pouvait le taquiner sur tellement de sujets, mais même si cela aurait été marrant, ce n'était pas de sa nature de s'embrouiller comme ça avec les gens, encore moins avec ceux qu'il connaissait mal, malgré que Ren soit très désagréable et qu'il le juge sans le connaître.
Une chose est sûre, le fils du peintre s'entendrait merveilleusement bien avec son cadet.

Au bout de quelques secondes, il lâcha finalement, l'air toujours aussi décontracté:

"Finalement, t'es pas si mou que ça. Je t'ai pris pour un mort en passant par ici."

Il lui sourit, avec rancune, mais sans plus, avant de lui tourner de nouveau le dos, sans pour autant avancer.

"A ta question?"

Répéta Naoki sur un ton défi, alors qu'il se tournait de nouveau face au brun qui souriait. Ah oui...ça le faisait sourire de chercher à le provoquer alors que depuis tout à l'heure il se forçait à rester calme?Apparemment.
Mais...Puisqu'il voulait jouer à ça, pourquoi l'en priver?

Le prince avança d'un pas, ses yeux d'ambre fixant toujours le jeune homme qui lui faisait face, avant de dire d'une voix détachée et ironique.

"En ce moment, je m'attaque à ta mère, Ren."

Il allait sûrement réagir au quart de tour, et si c'était le cas, peu importe qu'il ait du sang royal et des responsabilités plus nombreuses que le fils du peintre puisse l'imaginer, il lui ferait bien comprendre qu'il n'est,et ne serait pas son ami.