+Et si on passait à autre chose...+[LIBRE]

La jeune fille fronça les sourcils, ses yeux se plissant légèrement sous ce geste, alors qu'une expression totalement déçue et blessée apparaissait sur son visage. Elle le dégoutait? Alors, non, il ne savait pas ce qu'était l'amour.
Elle resta ainsi quelques secondes, essayant d'être le plus impassible possible. Et voilà, son organe vital la pinçait, la ramenant à la réalité avec douleur. Ne croyait-il pas que ça lui faisait assez mal de devoir lui dire tant des choses comme le fait qu'elle puisse un jour dire à sa meilleure amie qu'elle était amoureuse de ce brun?Elle ne la trahissait pas vraiment. Ren et Liliann n'était plus ensemble et ne pas écouter son propre coeur aurait été se trahir elle-même.
Elle aurait eu tellement à rétorquer. Mais là, c'était la limite. Son comportement avait bien trop changé depuis que le fils du peintre était entré dans la librairie, elle s'était un peu trop ouverte à ses propres pensées, avait été un peu trop franche...et trop vive.

Elle se poussa de la porte, sans même le regarder alors qu'elle avait la gorge bien trop serrée pour répondre quoi que ce soit. Ren...non, tu ne connais pas la douleur, ni la faiblesse. Pars, si c'est vraiment ce que tu veux...
Elle le frôla à peine, alors qu'elle visait d'aller dans l'arrière boutique.

"Non, c'est bon, t'en fais pas."

Souffla t'elle en ramenant son bras vers elle pour qu'il la lâche. Elle ne lui en voulait pas plus que ça. Après tout si il ne l'aimait pas, que pouvait-elle y faire, à part en souffrir, rien. Et puis, pour Liliann, ce secret la bouffait de l'intérieur et elle n'avait pas besoin que Ren lui rappelle.

Il s'énervait, il s'excusait, il s'énervait, il s'excusait. Si il pouvait seulement faire quelque chose qu'il ne regretterait pas, ou simplement...Je sais pas, quelque chose qu'il aurait réellement envie de faire. A moins que ça lui fasse plaisir de lui sortir ses quatre vérités à chaque fois qu'elle cède à ses sentiments. C'est incontrôlable, elle n'y peut rien.

Les faux bonds, ça la connaît après tout...

Alors qu'elle allait franchir la porte, la voix de Ren l'interpella. La voix?Plutôt un hurlement qui lui glaça le sang alors qu'elle avait espéré pourvoir s'enfermer dans l'arrière boutique et pouvoir réfléchir à ses conneries sans avoir l'air d'une idiote. Mais l'envie de lui répondre était trop présente, alors elle dit, comme un murmure, d'une voix à la fois redevenue douce, mais pourtant tremblante:

"Parce que quand je te vois, il m'arrive de me reconnaître, et que je ne cherche pas quelqu'un qui a toujours eu de la chance ou autre...mais quelqu'un qui sait ce que c'est que de souffrir, qui connaît des sentiments que moi même je n'arrive pas à identifier et qui pourtant me lassèrent le coeur à chaque fois qu'ils me hantent. C'est complexe, je n'en doute pas, mais ce sont les seules choses que j'arrive à expliquer. Comment partager un moment de sa vie...avec quelqu'un qui ne connaît rien du tout?Cela serait avoir une relation d'incompréhension, et d'hypocrisie avec des "Je sais ce que tu ressens!" alors que...qu'il...qu'il ne saurait même pas de quoi il parle, ni ce qui me fait mal."

Elle se tut, essayant de rester stoïque. A vrai dire, elle s'expliquait assez mal, mais en même temps, elle n'avait jamais songé à trouver une raison aux sentiments qui la berçaient. A quoi bon?L'amour ne se contrôle pas, et souvent, seul notre coeur connaît la raison de ce sentiment profond.

"Je ne sais pas."

Avait-elle reprit, essayant de rester le plus neutre possible sous sa phrase. Adieu faux espoirs, il était pas question qu'elle s'imagine déjà avec lui, ce serait beaucoup trop cruel.

Et d'un certain côté, même si Liliann était son amie, ne pouvait-elle pas comprendre qu'elle aussi puisse tomber amoureuse?Ne pouvait-elle pas la comprendre, comme elle même se comprenait ?Ah, misère. Ses pensées lui donnaient mal au crâne, mais elle savait très bien que sa meilleure amie pourrait la comprendre, se rappelant à peu près leur discussion de la dernière fois.

Yumi s'appuya contre le mur, toujours de dos. Elle l'avait aussi précisé: Elle n'aurait pas d'hésitation si la situation dégénérait, comme une égoïste mais elle s'y tiendrait, si ça arrivait, et d'un côté elle ne devait rien à Liliann.
Ecouter moi ce discours...

Cette phrase, ou du moins cette question, l'avait totalement figée. Comment ça "Tu veux qu'on essaye?". Non seulement cette question était idiote, mais aussi totalement logique. Bien sûr qu'elle voulait, mais...si il changeait d'avis juste après, hein?Comment elle supporterait ça?Un sentiment de trac l'attaqua de nouveau, alors qu'elle entendait ses propres battements de coeur battre à tout rompre.

"Tu es sérieux?"

Elle se retourna finalement, souriant contre son gré, alors que Ren s'embrouillait. Sa simple présence suffirait à la rendre heureuse, mais elle n'ajouta rien, il était pas question de l'enfoncer un peu plus.
Il était tout de même attendrissant, se noyant dans ses propos, alors que Yumi ne savait plus comment réagir, et surtout comment empêcher ce sourire de posséder un peu plus longtemps ses lèvres.

Pour ce qui concernait Liliann, elle respectait, bien qu'elle aurait trouvé plus logique de lui en parler afin d'éviter sa colère. Elle aurait aimé la mettre au courant dès que possible, pour ne pas qu'elle la prenne pour une hypocrite, mais si Ren jugeait bon de ne rien dire, alors elle ne dirait rien.

"Non."

Conclut la jeune fille, un sourire possédant toujours ses lèvres, bien qu'elle paraisse sérieuse. A vrai dire, ça l'étonnait tellement, qu'elle avait beaucoup de mal à y croire. Lui, qui quelques minutes auparavant lui balançait qu'il ne l'aimerai jamais etc, et qui, là, lui demandait si elle voulait qu'ils se mettent ensemble, lui faisait perdre ses moyens les plus misérables, soit.

"Je ne te cache pas, que mon sourire saura répondre à ta demande."

Finit-elle, en se recoiffant d'un geste rapide, quelques-unes de ses mèches étant collées sur ses joues à cause de ses larmes qui avaient séchées.

"D'accord."

Répondit Yumi, voyant bien le mal être du brun. Elle ne lui imposa pas de bisou, se contentant de lui offrir un léger sourire qui lui assurait qu'il pouvait partir sans se prendre plus la tête. A présent, elle voulait juste qu'il se repose, et qu'il fasse ce qui l'enchante, étant bien consciente qu'il avait du faire pas mal d'efforts pour en arriver jusque là.

[Finn]